100.000 emplois en danger, c’est le constat alarmant que tire la FFB. Depuis déjà plusieurs années, de nombreux signes indiquent que le secteur de la construction dans le neuf traverse une période difficile. Les chiffres alarmants et les préoccupations croissantes des acteurs de l’industrie mettent en évidence les défis auxquels cette partie essentielle du marché immobilier est confrontée.
Le 5 juin dernier se tenait la restitution des conclusions du Conseil national de la refondation (CNR) sur le logement. La première ministre Elisabeth Borne annonçait des mesures “insuffisantes et décevantes” selon les professionnels du secteur.
Alors quel avenir pour la construction neuve pour 2023 ? Dans cet article, ADESOL analyse les principales causes de cette crise immobilière et ses conséquences sur l’économie du pays.
I- Pourquoi le marché s’effondre ?
L’une des principales raisons de la crise immobilière dans la construction neuve en France est la baisse de la demande. En 2022 les particuliers ont réservé 110 000 logements, soit 15 % de moins qu’en 2021. Plusieurs facteurs contribuent à cette tendance, notamment le ralentissement économique, les incertitudes politiques et les conditions de financement moins favorables. Les consommateurs sont devenus plus prudents dans leurs investissements immobiliers, ce qui a entraîné une diminution de la demande de logements neufs.
Mais tout ne se joue pas côté acheteurs, l’État a aussi sa part de responsabilité. Les normes de sécurité et d’efficacité énergétique sont devenues plus exigeantes, ce qui a entraîné une augmentation des coûts de construction pour les professionnels du secteur. À cela s’ajoute des délais administratifs de plus en plus longs pour obtenir les autorisations nécessaires, retardant ainsi de nombreux projets de construction et a engendrant encore des coûts supplémentaires pour les promoteurs.
Enfin, en 2022, les prix des matériaux de construction, tels que le bois, le cuivre et l’acier, ont connu une augmentation importante. Nous en parlions déjà en 2021, mais à cela vient aujourd’hui s’ajouter l’augmentation des coûts de main-d’œuvre, notamment en raison de la pénurie de travailleurs qualifiés dans certains domaines de la construction. Cette hausse des coûts a rendu de nombreux projets de construction neufs moins rentables, conduisant à une réduction des investissements dans ce secteur.
II- Quelles conséquences pour l’avenir
La stagnation de l’activité dans la construction neuve a entraîné des pertes d’emplois, en particulier dans les entreprises du bâtiment et les industries connexes. De plus, la réduction des investissements dans le secteur a eu un effet domino sur d’autres secteurs de l’économie, tels que la fabrication de matériaux de construction et les services liés à la construction. La baisse des commandes de 2022 va se répercuter sur les années 2023, 2024 et 2025 où les emplois vont être menacés… à moins que des mesures fortes soient prises très rapidement pour relancer la construction neuve, précise, avec espoir, la FFB. C’est ainsi une bonne partie de l’économie du pays qui se trouve impactée.
Autre dommage, le marché du logement en France. Avec une offre limitée de nouveaux logements, la demande excède souvent l’offre disponible, ce qui fait grimper les prix des logements existants. Cela rendra l’accessibilité au logement plus difficile pour de nombreux citoyens français, en particulier les jeunes et les ménages à revenu moyen. La crise du logement va continuer à se creuser, avec une demande croissante et une offre insuffisante pour y répondre.
Et pour 2023 les prévisions ne sont pas forcément très encourageantes avec une chute de -20% pour les ventes de logements neufs, et une stabilisation en 2024 à un niveau bas. Ce qui ne ferait qu’amplifier l’effondrement des mises en chantier à venir de 25% entre 2022 et 2025. Il est essentiel que les acteurs de l’industrie immobilière et les décideurs politiques travaillent ensemble pour trouver des solutions durables afin de relancer la construction dans le neuf et atténuer les effets de cette crise immobilière.
III- Des solutions à envisager
Si le constat n’est pas très positif, il existe néanmoins des solutions pour endiguer ce phénomène de ralentissement de la construction neuve. Voici 5 pistes que nous avons identifiées :
- Stimuler la demande : Des mesures incitatives, telles que des incitations fiscales ou des subventions, peuvent être mises en place pour encourager les particuliers à investir dans l’achat de biens immobiliers neufs. Cela permettrait de relancer la demande et de dynamiser le secteur de la construction.
- Assouplir les réglementations : Simplifier et accélérer les processus administratifs liés à l’obtention des autorisations de construction peut réduire les délais et les coûts pour les promoteurs. Une révision des normes de construction, en maintenant des exigences de sécurité et d’efficacité énergétique raisonnables, peut également favoriser la reprise de la construction dans le neuf.
- Encourager l’innovation : Favoriser l’adoption de nouvelles technologies et de méthodes de construction plus efficaces peut contribuer à réduire les coûts et les délais de construction. L’investissement dans la recherche et le développement de solutions innovantes peut aider à moderniser le secteur et à attirer de nouveaux investissements.
- Faciliter l’accès au foncier : Mettre en place des mesures pour libérer davantage de terrains constructibles et faciliter leur accès aux promoteurs immobiliers peut stimuler l’activité de construction dans le neuf. Des partenariats public-privé peuvent être envisagés pour développer des projets de logements abordables sur des terrains publics disponibles.
- Renforcer la coopération entre acteurs : La collaboration entre les acteurs de l’industrie immobilière, les décideurs politiques et les organismes de financement est essentielle pour surmonter la crise. Des dialogues réguliers, des partenariats et une vision commune permettront d’élaborer des stratégies et des politiques efficaces pour relancer la construction dans le neuf en France.
En mettant en œuvre ces solutions, il est possible de revitaliser le secteur de la construction dans le neuf, de stimuler l’économie, de créer des emplois et de répondre à la demande croissante de logements en France.