Lors de la COP26, trois secteurs ont été décrétés prioritaires pour leur décarbonation : l’industrie, le bâtiment et le transport. Ils représentent à eux seuls 60% des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire.
Le secteur du bâtiment et de la construction représente 145Mt d’émissions de CO2 par an en France, avec un impact considérable sur le réchauffement climatique.
Premier émetteur de CO2 ex-aequo avec les transports, il est donc plus que concerné par la réussite de la décarbonation du pays et la transition énergétique. L’objectif est que les nouveaux logements, bureaux et équipements soient construits et gérés de manière durable.
Décarbonation, décarbonisation ou encore décarbonatation, mais de quoi parle-t-on ?
Ces trois termes désignent une réduction de Gaz à Effet de Serre (GES) produits lors du processus de production. Décarboner, c’est lutter contre le réchauffement climatique en réduisant les émissions de méthane et dioxyde de carbone qui provoquent le déséquilibre de l’effet de serre.
Comment le secteur du bâtiment peut -il relever ce défi ?
La loi Climat et résilience, promulguée à l’été 2021, a demandé la réalisation d’une feuille de route de décarbonation pour l’ensemble des filières économiques, dont celle du bâtiment. Le gouvernement a donc demandé au Plan bâtiment durable (PBD) et au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) de la réaliser.
Une feuille de route a été proposée avec des actions à mener réparties en 5 axes :
- Réduire l’impact de la production des composants du bâtiment
- Construire avec exemplarité dans le neuf
- Améliorer la performance de l’existant
- Faire preuve de sobriété dans l’usage des bâtiments
- Déployer des mesures transverses
25 leviers ont depuis été publiés :
- Accélérer la réalisation et l’accès aux données environnementales pour un choix éclairé aux différentes étapes du projet
- Créer les conditions pour rassurer et donc accélérer le recours aux composants bas-carbone
- Décarbonation des procédés industriels – Généraliser les actions des industriels en faveur de la décarbonation
- Accélérer l’emploi des composants avec un bas poids carbone, avec une performance qui réponde au besoin
- S’appuyer sur des ressources et des solutions locales
- Optimiser la durabilité, le réemploi et le recyclage des composants du bâtiment
- Développer l’économie de la fonctionnalité
- Optimiser le m²
- Étendre le champ d’application de la RE2020
- Végétaliser le bâti et la parcelle
- Encourager la surélévation au regard de l’enjeu zéro artificialisation nette des sols
- Développer l’architecture frugale pour gagner sur les ressources et les consommations
- Repenser les systèmes constructifs pour optimiser la quantité de matériaux
- Renforcer l’exigence d’efficacité de la rénovation
- Massifier la rénovation globale
- Rehausser les objectifs de la rénovation
- Mesurer la performance
- Développer une culture de l’exploitation et de l’usage, sobre et bas carbone des bâtiments
- Développer les conditions techniques, opérationnelles pour une exploitation sobre et bas carbone des bâtiments
- Consommer autrement (mieux et au bon moment) l’énergie dans la phase d’exploitation
- Faciliter la densification parcellaire et le multiusage dans un bâtiment existant
- Assurer un optimum entre déconstruction et rénovation
- Améliorer et compléter les dispositifs proposés par les acteurs financiers pour massifier la décarbonation des bâtiments, à toutes les échelles
- Favoriser l’installation et l’utilisation dans les bâtiments de systèmes très performants d’énergies renouvelables et de récupération
- Fabrication manufacturée en atelier de briques constructives à faible niveau global d’émission carbone
Les acteurs de la filière ont examiné chaque levier en prenant en compte le contexte spécifique, en identifiant d’éventuels obstacles potentiels, et en proposant des mesures concrètes pour leur mise en œuvre. Ils ont distingué entre les actions qu’ils peuvent directement entreprendre et les propositions d’améliorations des politiques publiques telles que la réglementation, la fiscalité, le financement, etc. De plus, ils ont abordé la question des besoins en emplois et compétences spécifiques pour anticiper les tensions croissantes que le secteur connaît déjà. Dans l’ensemble, ce sont plus de 120 mesures qui ont été présentées par les acteurs de la filière.